Certains l'affirment, le maître du monde n'occupe pas la Maison-Blanche. Il résiderait, selon eux, sur High Street, dans un mystérieux édifice aveugle, à New Haven, à une heure et demie au nord de Manhattan. Ce bâtiment en pierre, en bordure du campus de Yale, la célèbre université, porte un nom que l'on dirait inventé par le comte Dracula: The Tomb. C'est là que se réunissent les membres de la société la plus secrète des Etats-Unis, Skull and Bones («Crâne et os»). Depuis sa fondation, en 1832, cette organisation est restée dans l'ombre. Jamais aucun de ses membres n'a parlé. Aucun n'a jamais admis, même à ses proches, faire partie de ce club très sélect. La règle est d'airain: si quelqu'un évoque le simple nom de l'organisation en présence d'un «Bonesman» (le nom donné à ses membres), celui-ci doit sortir de la pièce. Pourtant, depuis quelques semaines, les projecteurs sont braqués sur «la Tombe»: les deux candidats à la présidence des Etats-Unis en sont, en effet, membres, John F. Kerry depuis 1966, George W. Bush depuis 1968. «C'est la société secrète la plus influente dans ce pays, affirme l'écrivain Ron Rosenbaum, auteur d'une enquête sur le sujet. Trois des cinq derniers présidents étaient des Skull and Bones.
La naissance de la confrérie
Skull and Bones, dont l'emblème ressemble au drapeau des pirates des Caraïbes - un crâne au-dessus de deux tibias croisés - a été fondé (les faits, comme tout ce qui touche à cette société, demeurent un peu mystérieux) par un certain William Huntington Russell, étudiant à Yale. Il aurait rapporté cette idée d'Allemagne en 1832. Le club s'inspire d'une pure légende. Lorsque l'orateur grec Démosthène mourut, en 322 avant Jésus-Christ, Eulogia, déesse de l'éloquence, monta au ciel. Selon la mythologie de Skull and Bones, la déesse serait revenue sur terre et aurait désormais établi sa résidence parmi les membres de ce club. Pour cette raison, le nombre 322 est sacré pour les Bonesmen: par exemple, c'était la combinaison de l'attaché-case dans lequel Averell Harriman, ambassadeur des Etats-Unis en URSS, transportait les dépêches ultraconfidentielles entre les deux gouvernements. John Kerry l'utilise encore comme code.
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