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hooligan, le fleau du sport
26/03/2006 07:09
Football : les stades de la haine
Cris de singes, saluts hitlériens, jets de bananes et de cacahuètes ou encore insultes racistes. Les terrains de football européens, souvent présentés comme des havres de mixité sociale et ethnique, sont, de plus en plus, pris d’assaut par des groupuscules néo-nazis et fascistes.
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Eto’o ©RFO
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Samuel Eto’o, triple ballon d’or africain, a été conspué à chacune de ses touches de balle, le 25 février, lors du match Barcelone/Saragosse. Les provocations racistes d’une partie du public espagnol l’ont excédé au point de vouloir quitter la pelouse et de rejoindre les vestiaires. Ses coéquipiers l’ont convaincu de poursuivre la rencontre et l’arbitre a suspendu le match durant quelques minutes.
Insultes
Depuis trois ans, les incidents ont proliféré dans les stades d’Europe. La France, où pullulent de nombreux groupuscules racistes notamment à Paris, Nice et Lille, voit le phénomène s’intensifier. Novembre 2004 : Bastia s’incline 3 buts à 0 à domicile face à Saint-Etienne. Après avoir été insulté tout le long de la rencontre, Franck Matingou et Pascal Chibomda sont agressés (menaces et caillassage de voitures) sur le parking du stade de Furiani. Chibomda, natif des Abymes en Guadeloupe, très digne pendant la durée de son contrat en Corse, pliera bagage la saison suivante pour Wigam, club de Premier League anglaise. En décembre de la même année, lors du Paris Saint-Germain (PSG)/ Metz, au Parc des Princes, le Sénégalais Babacar Guèye, âgé de 18 ans, est pris à parti et insulté durant tout le match par les supporters Ultras de Boulogne.
Championnat Espagnol
Santiago Bernabeù. L’international ivoirien Didier Drogba hérite de son premier ballon, conséquence : cris de singe et jets de cacahuètes. Chaque fois qu’un joueur noir de l’OM touche le ballon... bis repetita. Les Ultras Sur du Real ont une réputation à tenir. La direction de Madrid ne semble pas préoccupée, contrairement à son rival, le FC Barcelone, qui, par la voix de son président Joan Laporta, élu à la direction du club en juin 2003, a décidé d’expulser hors du stade les Boixos Nois (Gamins fous). Ce groupe de supporters racistes et violents voyageait, jusqu’à son arrivée à la présidence du club, dans l’avion des joueurs lors des déplacements à l’extérieur. Malgré les menaces de mort et les pressions de toutes sortes, Joan Laporta a tenu bon. Le Brésilien Ronaldinho et le Camerounais Samuel Eto’o font toujours briller le Barça, qui caracole en tête de son championnat.
Racisme dans le Calcio
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Di Canio©RFO
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La scène en question a de quoi susciter des interrogations sur le silence coupable et l’inaction des instances fédérales, européennes et mondiales quand à ce fléau. Chaque samedi le championnat d’Italie est coutumier de ce type de faits. Le racisme à visage humain dans le Calcio est le capitaine de la Lazio de Rome : Paolo Di Canio. A chacune de ses sorties l’attaquant transalpin de 39 ans effectue un salut nazi et fête chacun de ses buts de la même manière, qu’il dédicace aux supporters fascistes de son équipe. Après maints avertissements verbaux, il vient d’écoper d’un match de suspension et de 10 000 euros d’amende par sa fédération. Et dire qu’en 2001, il avait reçu de la FIFA le Prix du fair-play !
Mattersburg contre laquelle jouait son club.
N. Geremi©RFO
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Hooliganisme En Allemagne et en Angleterre les manifestations de racisme existent, mais elles demeurent marginales. Elles y sont en effet sévèrement combattues. Le hooliganisme est un phénomène omniprésent dans ces deux pays ainsi qu’aux Pays-Bas. Cependant, des moyens d’identification par caméra, de lourdes amendes et de longues interdictions de stade appliquées à la lettre dissuadent les plus extrémistes. Roy Atkinson, ancien sélectionneur de l’Angleterre, s’est fait surprendre en direct, parlant de l’international français Marcel Desailly en ces termes : « putain de fainéant de nègre ». Consultant pour la télévision, il a été contraint de présenter sa démission, malgré ses excuses.

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